Les écolos : doux rêveurs ou pragmatiques ?
Un petit billet d’humeur aujourd’hui ! Cela faisait longtemps et je me dis qu’en cette période de troubles, un peu de réflexion positive ne fera pas de mal. Ce billet d’humeur m’est venu lors de la Marche pour le climat qui a eu lieu dernièrement.
Cette année, je tractais pour un collectif pour l’eau. Les associations quimpéroises pour l’eau se sont en effet mises ensemble pour faire pression sur les élus afin que la gestion de l’eau soit faite par la collectivité et non plus par un délégataire (Véolia ou la Saur). Nous tractons donc pour informer les citoyens que le contrat avec Véolia se termine l’année prochaine afin que le débat sur l’eau soit sur la place publique et non plus en catimini. Ce que nous avons encore vu récemment au niveau mondial : qui a entendu parler de l’entrée en Bourse de l’eau en Californie[1] il y a quelques mois !?
En tractant, j’ai donc discuté avec bon nombre de manifestants sur la gestion de l’eau, puis nous dérivions sur l’énergie pour arriver sur le logement et le transport. Selon les personnes, nous parlions également de l’agriculture, étroitement liée à l’eau, et comme nous sommes en Bretagne du problème des algues vertes (ma BD explicative à ce sujet en cliquant ici)
Bref, j’ai passé un agréable moment à parler de problématiques qui m’intéressent et surtout avec des gens très intéressants, qui maîtrisaient le(s) sujet(s) et dont la plupart avaient de superbes idées pour améliorer les choses aussi bien au niveau écologique que social ! Je suis donc revenue gonflée à bloc de cette Marche pour le Climat !
Un fossé entre la perception des écolos et la réalité
Le soir, en racontant ma Marche pour le Climat à mon compagnon, les rencontres, mon enthousiasme, les idées des gens, j’ai réalisé qu’il y avait un problème. En effet, là, n’importe quelle personne avec qui je parlais, était au courant des problématiques liées à l’eau, à l’énergie, etc. Alors que quand je suis avec des personnes de mon entourage, il faut d’abord que j’explique qu’il y a un problème, pour ensuite donner des pistes de solutions. Là, à la Marche, toutes les personnes, étaient informées, voire très informées. Pourtant, c’était des personnes « lambda » : chauffagiste, jardinier, professeur, employé de bureau, etc. Et c’est sur ce point qu’il y a bel et bien un hiatus entre l’image que renvoient les écolos et la réalité.
Nous, les écolos, sommes toujours vus au mieux comme des doux rêveurs, au pire comme des empêcheurs de tourner en rond. Et entre deux, des hippies, des bobos, bref des gens déconnectés ! Avec mon entourage, je le vois bien, s’ils sont gentils avec moi, je passe soit pour l’idéaliste de service, soit pour la bobo du coin. J’ai même eu le droit une fois à « authentique » pour me décrire, bobo étant une insulte dans la bouche de certains (et ils voient quand même bien que j’ai les pieds sur terre ). Bref, les trois quarts du temps les écolos sont rarement pris au sérieux. Pourtant, rien que la remise en question du concept de croissance montre leur pragmatisme. Pour notre société, la croissance doit toujours augmenter, mais comment peut-elle toujours croître dans un monde aux ressources limitées ?
Un fossé creusé par les politiques dit écolos
J’aimerais comprendre ce fossé entre la réalité des manifestants que j’ai rencontrés qui avaient plus que les pieds sur terre, et le ressenti des autres. Certes, comme d’habitude, les politiques ou représentants des partis font mal audit parti. Je pense pour les Verts à Nicolas Hulot, alors Ministre de l’écologie, arrivant au volant d’une voiture électrique[2], alors que n’importe qui sait que la voiture électrique pollue comme la thermique mais d’une façon différente (sans oublier le problème éthique des enfants travaillant dans les mines[3]). Et sans parler des multiples voitures de Hulot : vous pouvez, vous, avoir huit voitures[4] ?!
Ou à Quimper, Daniel Le Bigot, représentant des Verts, qui a voté la cuisine centrale pour les cantines scolaires, à la place de la cuisine sur place, avec comme résultat un minimum de 4000 barquettes par jour en plastique (article au sujet des cantines scolaires qui sont un total scandale en cliquant ici) ! Certes, il roule en vélo, mais pour le reste… Je pense qu’à cause de tous ces politiques écolos déconnectés du terrain, les écolos lambda sont mal considérés, car n’importe qui se rend bien compte que ces personnes politiques ne sont pas réellement écolos ! Et ne comprennent ou ne veulent rien comprendre au fonctionnement de la société, voire de la nature !
Des écolos encore imparfaits
Quant aux écolos, certes, certains sont peut-être des doux rêveurs, d’autres n’ont peut-être pas encore toutes les clés pour bien comprendre comment tout le système est imbriqué l’un dans l’autre, et que si on veut une vraie écologie, il faut qu’elle soit aussi sociale ! Par sociale, j’entends une écologie qui n’exploiterait ni d’autres terres, ni d’autres peuples, ni d’autres êtres vivants.
Combien de personnes ont pesté contre les véganes qui mangeaient des noix de cajou, du soja brésilien ou encore de la noix de coco. Et elles ont eu raison. Même si les personnes véganes pensaient bien faire en ne mangeant pas de viande, elles avaient oublié d’autres pans de la société. Mais, il est affligeant de les accabler : notre société mondialiste est tellement complexe, et il est difficile pour un esprit humain de se représenter que tout est un ensemble, que tout est lié, qu’un battement d’ailes de papillon provoque un tsunami. C’est pourquoi en socialisant l’écologie, il n’y a plus tous ses problèmes, puisqu’on se fournit au maximum localement et éthiquement !
Les médias : une perception biaisée des écolos
L’autre aspect qui explique ce fossé entre la perception des écolos comme des gens illogiques est le traitement médiatique. Toujours pour les véganes, nous avons le droit à moult reportages où le journaliste enquête sur la « nourriture » végane industrielle, comme les saucisses véganes. La fabrication de cette « nourriture » ne donne bien sûr pas du tout envie d’en manger. Ce type de reportage m’agace au plus haut point. Objectivement, je suis contente qu’il y ait de tels enquêtes pour montrer la réalité de la nourriture industrielle, mais ce qui m’énerve est qu’on ne montre QUE la nourriture industrielle végane et jamais les autres : étrangement, nous ne voyons jamais de reportage sur les saucisses knackis alors que leur fabrication doit être du même niveau (mon article sur la nourriture industrielle pour enfants en cliquant ici).
Ces reportages sont ainsi biaisés car ils ne montrent qu’un pan du véganisme, celui industriel, mais ne montre pas les véganes qui essayent de prendre en compte écologiquement toute la chaîne alimentaire dans son ensemble. De tels reportages discréditent le véganisme, alors que plein de véganes ne mangent pas de nourriture industrielle et cuisinent leur propre plat avec des légumes locaux achetés au marché (quelques exemples de personnes en fin d’article).
Avec ce type de reportages, le personnel politique se déclarant écolo mais qui ne l’est pas, les écolos qui essayent de faire des efforts, mais qui sont encore imparfaits, les urbains écolos qui connaissent mal les cycles de la nature, nous arrivons à l’image d’écolos bobos qui n’y comprennent rien ! Et encore une fois, j’en veux aux médias qui nous présentent toujours de telles personnes au lieu de montrer celles qui ont les pieds sur terre et/ou qui ont des idées innovantes ! Et croyez-moi, après cette Marche pour le Climat, je peux vous dire qu’il y en a ! Je vous ai écrit un résumé des quelques très bonnes idées que j’ai entendues !
Donc arrêtons de voir les écolos comme des doux rêveurs, écoutons-les, même s’ils sont encore imparfaits : cela ouvre toujours le débat, et c’est le débat qui fait avancer les choses !
Des bonnes idées écolos et pragmatiques
Note : l’énergie correspond au chauffage ET à l’électricité.
- Qu’il soit obligatoire que toutes les constructions de bâtiments neufs (habitations ET entreprises) aient des panneaux solaires (photovoltaïques et/ou thermiques), un réservoir d’eau pour le jardin, le lave-linge, les toilettes.
- Que l’eau et l’énergie reste un bien public en étant nationalisé et géré collectivement.
- Qu’on essaye de rendre les maisons les plus indépendantes possibles de l’énergie et de l’eau. En effet, l’entretien des réseaux coûte cher, sans parler de la déperdition, même dans les réseaux les mieux entretenus.
- Que le prix des travaux d’isolation, etc. soient compris dans le prix d’achat de la maison (comme pour l’assainissement quand il est à refaire) afin que les gens puissent isoler tout de suite leur maison (et gagner plus vite en confort et en économie d’énergie). En prime, beaucoup d’emplois non délocalisables.
- Mieux former les artisans du bâtiment aux énergies, voire créer un nouveau métier d’« énergéticien » pour conseiller les propriétaires lors de la rénovation.
- Rendre les métiers de l’artisanat plus attractifs (et arrêter de mettre des élèves qui n’ont pas d’appétence pour ces métiers au motif qu’ils ne sont pas bons scolairement !).
- Que toutes les habitations aient accès à un espace de verdure pour pouvoir profiter de la nature et/ou faire son potager.
- Qu’une loi interdise la veille des appareils (j’en parlais déjà dans un de mes premiers articles sur la disparition du bouton-poussoir, à retrouver en cliquant ici)
- Que… Et il y avait encore plein d’autres idées !
Je ne vais pas toutes les lister, mais avouez que toutes ces propositions ne sont pas délirantes ?! Et ne semblent ni absurdes, ni impossibles à mettre en place ?! Il suffit seulement d’une réelle volonté politique !
Alors, pour vous, les écolos sont-ils encore seulement des bobos des villes ?!
POUR EN SAVOIR PLUS
À lire sur la vraie écologie par des gens qui pensent à tout ou au moins, essayent.
Sur le bâtiment
La Maison écologique (https://lamaisonecologique.com/)
Magazine indépendant, c’est une mine d’informations sur le bâtiment. Ce que j’aime : leurs comparatifs objectifs sur TOUS les matériaux et sur leur durée de vie entière, mais aussi leur retour sur leurs 20 ans d’expérience.
Sur leur site, vous pouvez feuilleter quelques extraits pour vous faire une idée.
Sur l’agriculture
Campagnes solidaires (http://confederationpaysanne.fr/campagnes_solidaires.php?dernier=1)
Je mets rarement en avant des organisations politiques, préférant que chacun se fasse sa propre opinion. Mais quand je suis tombée sur un mensuel de la Confédération paysanne chez ma doctoresse (cela change du Madame Figaro), j’ai été agréablement surprise par les dossiers proposés et surtout par l’analyse des lois et pourquoi elles ne vont pas si on veut continuer à promouvoir une agriculture familiale en France.
Sur le site, vous pouvez feuilleter le dernier numéro. Certains sujets sont assez techniques.
Des comptes véganes qui cuisinent localement
Echos verts (https://echosverts.com/category/recettes/)
Avec son blog, Natasha propose beaucoup de recettes avec le maximum d’ingrédients locaux.
La recette qui m’a fait découvrir le blog de Natasha, celle des wraps maison : https://echosverts.com/2017/09/12/galettes-a-lepeautre-et-garnitures-de-wraps-vegetaliens/
Le Cul de poule (https://leculdepoule.co/)
Mélanie propose de la cuisine simple, rapide et avec peu d’ingrédients. Ses recettes conviennent très bien pour les personnes qui en transition vers le véganisme.
Deliacious (https://deliacious.com/)
Alice nous propose des recettes véganes classiques comme originales, toujours avec des produits de saison et plutôt simples à trouver. Cerise sur le gâteau : ses photographies sont superbes.
La gourmandise selon Angie (http://www.la-gourmandise-selon-angie.com/)
Angélique propose des recettes simples à faire et variées.
Ma préférée : la patate douce farcie aux lentilles (bon, je ne suis pas objective : j’adore les lentilles). http://www.la-gourmandise-selon-angie.com/archives/2017/09/29/35699021.html
La sauce sucrée-salée est un délice. Et cela fonctionne très bien avec une pomme de terre classique.
Cuillère et saladier (http://cuillereetsaladier.blogspot.com/)
Des recettes simples à faire et beaucoup de légumes locaux cuisinés.
NOTES DE BAS DE PAGE
[1] https://www.comparateurbanque.com/meilleurs-placements/trading-bourse/inquietude-sur-leau-en-bourse/
[2] https://www.letelegramme.fr/france/macron-un-premier-conseil-des-ministres-sous-controle-18-05-2017-11518300.php
[3] https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2016/01/child-labour-behind-smart-phone-and-electric-car-batteries/
[4] https://www.challenges.fr/automobile/actu-auto/en-images-les-voitures-de-nicolas-hulot_520885