Retour de vacances : exploration de la Haute-Savoie
Voici un article léger pour rester dans l’humeur des vacances et profiter de leurs bienfaits le plus longtemps possible. Et quoi de mieux que de vous partager un témoignage de celles-ci. Cela me fera voyager à nouveau, et vous aussi par la même occasion. Et c’est un nouvel exercice pour moi : décrire des éléments positifs, des rencontres, des ressentis et essayer de vous y faire prendre part. N’hésitez pas à me dire en commentaire si vous aimez ce type d’articles, savoir si je vous en écris un nouveau l’année prochaine (si je pars en vacances).
Ce que j’aime en vacances, c’est le côté exotique : découvrir de nouvelles choses, de nouveaux plats, de nouveaux paysages, de nouvelles cultures. Et l’avantage en France est qu’on n’a pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour chercher de l’exotisme. La France étant en effet un grand pays avec des régions encore marquées identitairement, nous avons la chance de pouvoir nous procurer une dose d’exotisme sans beaucoup s’éloigner. Le meilleur exemple est la Bretagne, le pays Basque ou la Corse : de l’exotisme tout au plus à 1000 kilomètres. Mais d’autres régions, moins connues pour leur identité, ont pourtant celle-ci encore marquée. La Picardie par exemple (je vous écrirai un jour un article sur la meilleure région de France ), mais aussi la Savoie. Nous sommes partis cet été en Haute-Savoie, et je suis toujours impressionnée par les différences culturelles entre régions françaises.
Les paysages savoyards : à couper le souffle !
D’abord, un coup d’œil sur les paysages savoyards ! Quand vous venez d’une région plate comme la Picardie, la montagne, c’est impressionnant et dépaysant ! Votre regard ne peut embrasser l’horizon car la montagne est là, bien massive avec ses crêtes, ses failles, ses escarpements. Le regard ne porte plus au loin, mais scrute les détails de ces amas imposants de rochers, remplis de verdure. Notre œil se repose à regarder les multiples nuances de vert qui remplissent la montagne : les sapins plus ou moins vieux, plus ou moins jeunes, les pâturages remplis de touches de couleurs fleuries, et même l’eau des lacs peut être vert-bleu.
Être en montagne, c’est être au cœur d’une nature
encore préservée (à peu près).
La montagne regorge de cours d’eau : dans les rochers, dans la forêt, dans les pâturages ! Des sources naissent, puis s’enfouissent pour réapparaître plus loin. Le bruit de l’eau est là, reposant ! Suivre la piste de l’eau et voir ses multiples reflets scintiller au soleil ! Découvrir des cascades : voir la puissance de l’eau tomber sur les rochers, et au fur et à mesure éroder la roche pour la métamorphoser en une nouvelle forme. Une telle profusion d’eau explique la présence des hêtres qui est un arbre aimant l’eau. La forêt savoyarde se distingue par son mélange de pins, sapins, hêtres et un peu de chênes. L’eau chemine entre ces arbres simples pour certains, majestueux pour d’autres. Puis, en fin de journée, en sortant de la forêt, admirer le coucher de soleil en montagne est lumineux ! Les rochers explosent de lumière rose, orange et rouge, ses nuances s’entremêlent pour donner un spectacle grandiose.
Ces couleurs !!!
Le coucher de soleil en montagne vaut aussi le détour !
Quand vous aimez la nature, et être dans la nature, il n’y a rien de tel que la montagne. Se promener dans les alpages, admirer les multiples fleurs qui sont encore présentes car il y a peu de pesticides. La gentiane jaune, la fleur si caractéristique de la montagne et qui met 10 ans à fleurir. La ciboulette sauvage et tant d’autres fleurs dont je ne connais pas le nom mais qui donnent une énorme palette de couleurs aux alpages. Et quel plaisir de pouvoir observer autant d’animaux, qui ont, pour une fois, la paix dans ces lieux où l’être humain est plutôt rare.
Voir les vaches se régaler d’une herbe non polluée et d’avoir de la place pour marcher, se déplacer en troupeau est aussi délicieux. Et pouvoir observer les chamois et les marmottes, quel autre plaisir ! Leur observation donne l’impression d’un plaisir interdit, tellement il faut être silencieux et immobile.
Vous l’aurez compris, être en montagne, c’est le dépaysement garanti pour tous ! Mais il n’y a pas que le paysage qui concourt à ce dépaysement, l’architecture des bâtiments y est aussi pour beaucoup.
Das vaches qui paissent tranquillement avec beaucoup d’espace disponible et accompagner de cheveux au loin.
Mais n’oublions pas la traite qui est toujours là,
même en plein montagne, avec une trayeuse mobile.
L’habitat savoyard : conçu pour la montagne
L’autre exotisme de la Savoie est sa nature montagneuse, la topologie des lieux qui va avec et comment elle entraîne la façon de vivre des habitants. La Haute-Savoie étant en montagne, les habitations ont été construites pour que l’être humain y vive au mieux. Les chalets sont donc principalement de forme presque carrée afin de bien répartir la chaleur. Et surtout, l’autre détail architectural qui me fait rêver (et je ne comprends pas qu’en Bretagne, il n’y est pas) : des auvents de plus d’un mètre de long ! Avantage : quand il pleut, vous pouvez rester dehors sans être trempé. Vous pouvez aussi laisser votre linge sécher ou vos chaussures. Excepté, une énorme tempête, il y a peu de risque que tout soit mouillé. Pourquoi un auvent aussi long alors que la Bretagne n’en a pas malgré l’abondance de ses précipitations ? L’auvent est surtout conçu pour la neige, car, je ne vous apprends rien, en montagne, il neige très souvent. Cette avancée de toit évite donc de se retrouver avec un énorme tas de neige devant la maison. De même, souvent, les tas de bois étaient rangés devant le chalet, sous l’auvent. Triple fonction : isole la maison, à l’abri des intempéries et près de la porte, pratique pour avoir le bois sous la main quand il faut chauffer ! Certains chalets ont même une de leur partie qui est construite à même la montagne avec une partie du rez-de-chaussée contre la montagne, ce qui évite encore une fois les perditions de chaleur.
D’autre part, les habitations disposent de peu de terrain autour par rapport à d’autres régions : les gens n’en ont pas besoin comme ils ont la nature à disposition pour s’aérer.
Chalet savoyard. Sa façade nord est est à demi-enterrée
afin de le protéger des intempéries.
Si le toit est en tôle, sa cheminée est en bois !
En Savoie : le bois est partout !
L’autre pendant de vivre dans les montagnes est que la ressource bois est plus qu’abondante ! Le pin est partout, et cela se voit que cette ressource ne manque pas. Beaucoup de choses qui sont maintenant pour nous fabriquées en métal, ciment ou en plastique sont encore en bois pour la Savoie. Les chalets sont l’exemple le plus probant de l’utilisation massive du bois : la grande majorité des habitations sont en bois (d’autant plus qu’il a une fonction isolante). Et quand je dis en bois, c’est du bois partout : mur, toit (pour les anciens chalets), et même des cheminées en bois (vu plus haut) !!!
Chapelle typiquement savoyarde avec son toit recouvert de tavaillons (« tuiles » en bois).
Le bois, du moins les troncs, sont transformés en banc, abreuvoir, jardinière (pourquoi je me suis cassée la tête à en faire en palette ). C’est d’autant plus « facile » que le pin est un bois tendre, c’est-à-dire qu’il se travaille très facilement.
Même la publicité et les flash-codes (ou QR Code) sont « imprimés » sur du bois ! Et, étant fille de menuisier, je ne suis pas insensible à trouver du bois partout ! C’est tellement agréable comme matériau ! Par sa couleur et ses multiples veines, le bois dégage une chaleur contrairement au métal ou au plastique qui reste uniforme, voire inerte.
À gauche, jardinière creusée dans le tronc d’un pin.
À droite, tronc servant de banc, devant un chalet construit dans les années 1980,
qui est en réalité une baraque de chantier isolée et recouverte de bois.
Abreuvoir conçu dans un tronc. Même son « robinet » est en bois !
La façade du chalet, datant d’au moins un siècle, est encore en tavaillons (planchettes de bois)
Menu de restaurant, flyer et QR-code sont pyrogravés sur du pin.
Des différences culturelles en Savoie
Ensuite, la langue. Dans les coins reculés, nous entendons encore parler le savoyard. Pour les Savoyards qui parlaient français, l’accent est encore très fort. Même si j’ai honte de devoir faire répéter 2 ou 3 fois les phrases, j’aime entendre parler le français avec différents accents, je trouve que cela enrichit la langue et surtout fait fonctionner notre cerveau ! J’ai mis un temps fou à comprendre que les Savoyards ne prononçaient pas la dernière syllabe des lieux savoyards et que certains ont même un accent tonique, qui n’existe pas en français ! Par exemple, le X de Chamonix ne se prononce pas, ou meilleur exemple La Cluzaz se prononce La Cluz. Et je trouve cela tellement intéressant de voir ces différences linguistiques qui dénotent des traces historiques (voir encadré ci-contre) alors que nous vivons dans le même pays.
La Savoie : une position stratégique
Ce n’est pas très connu, mais la Savoie n’a été rattachée à la France que depuis peu (un siècle et demi).
En effet, par sa position stratégique, cette région a été ballotée pendant toute son Histoire entre son indépendance, l’Italie, la Suisse et la France.
L’autre plaisir d’être dans les montagnes est, quand le temps le permet, d’être dans les nuages .
Enfin, l’alimentation ! Je ne vous apprends rien si je vous dis que les Savoyards mangent beaucoup de fromage (faut dire, avec le lait des Alpages, il n’a rien à voir avec certains autres fromages) ! Et quoi de mieux pour accompagner le fromage que des pommes de terre ! Ainsi, dans les potagers, beaucoup de plants de pommes de terre ! Ce n’est sans doute pas une caractéristique propre à la région (en Picardie, les potagers de particuliers ont également beaucoup de pommes de terre), mais c’est quand même significatif pour être signalé.
Ce patrimoine culinaire est intéressant à étudier car il est riche d’une histoire et d’un territoire. Si le fromage est beaucoup plus présent en montagne, c’est grâce aux nombreux alapges : des pâturages sur une terre en pente et difficile à cultiver pour l’agriculture (trop rocailleux). Mais si le fromage peut se fabriquer et surtout se conserver en s’affinant, c’est aussi grâce à l’atmosphère plus sèche des montagnes (contrairement en Bretagne et Normandie où l’air humide et l’absence de cave favorise la fabrication du beurre).
Il est ainsi agréable de voir que malgré la mondialisation et nos changements alimentaires, les régions ont conservé leur patrimoine culinaire. Ce qui nous permet de découvrir et de goûter à de nouvelles saveurs ! Et cela me permet de voyager tout en restant en France .
Et finissons sur de la mignonnerie, même si cette photo a été prise en 2013 : une marmotte avec son marmotton.
POUR EN SAVOIR PLUS
Sur la prononciation : https://www.ledauphine.com/haute-savoie/2019/07/25/faut-il-prononcer-les-x-et-les-z-a-la-fin-des-noms-des-communes
Sur les coutumes savoyardes, la BD de Félix Meynet (https://fr-fr.facebook.com/meynetfelix), auteur du cru avec son célèbre personnage de vieux savoyard libidineux : Fanfoué (http://www.fanfoue.com/)